DE CHARLES X A ESMÉRALDA ET QUASIMODO

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A de nombreuses reprises Esméralda et Quasimodo, les personnages de la magnifique œuvre de Victor Hugo, ont été évoqués lors de séances de travail du Conseil de Quartier  pour agrémenter  le bas de l’esplanade Fléchambault par une statue. Cela a donné lieu à des recherches, à des débats, mais ceci est toujours resté dans les cartons.

Mais au fait qui sont Esméralda et Quasimodo ?

Vous trouverez quelques articles glanés dans la presse régionale qui expliquent que c’est lors du sacre de Charles X à Reims en 1825 que le jeune Victor Hugo, il n’a que 23 ans, déambulant rue Folle-Peine en se rendant à la basilique Saint-Remi rencontra une gitane et le sonneur de la basilique.

Pourquoi avoir intitulé son roman « Notre Dame de Paris » et non « Basilique Saint-Remi » c’est une autre histoire à laquelle seul l’auteur pourrait répondre… en attendant bonne lecture.

 

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L’UNION samedi 12 décembre 1998

Quasimodo et Esméralda

seraient « nés » rue Folle-Peine

 

L’horrible Quasimodo et la belle gitane Esméralda, les deux héros de « Notre-Dame de Paris » écrit par Victor HUGO, qui font actuellement un tabac dans une comédie musicale au Palais des Congrès avec Garou et Noa, sont nés chacun à leur façon rue Folle-Peine.

On raconte en effet que de passage à Reims pour assister au sacre de Charles X, l’écrivain, alors âgé de 23 ans se promenant dans le quartier Saint-Remi serait arrivé dans la rue Folle-Peine (du nom d’un ancien cours d’eau). Dans une cour, il vit un être difforme, bossu et borgne. « Qui c’est ? » demanda Victor Hugo. « C’est le sonneur de Saint-Remi« . Dans la même cour il aurait vu une gitane.

L’imagination de l’auteur fit le reste.

La gitane lui aurait inspiré le personnage d’Esméralda, née rue Folle-Peine ; Esméralda, la fille de Paquette la Chantefleurie, jolie femme qui se faisait entretenir (entre autres) par le vicomte de Cormontreuil. La fille de Paquette aurait été enlevée par des « Egyptiennes ». A sa place elles auraient laissé « une façon de petit monstre hideux, boiteux, borgne, contrefait » : le portrait tout craché de Quasimodo.

 

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Extrait de Reims 1800-1900 – Un siècle d’événements de Daniel PELLUS

 

1825 : Victor Hugo découvre Esmeralda et Quasimodo

 

Le 26 mai 1825, un grand fiacre de location, flanqué sur le côté d’une grande malle, s’approche de Reims. Il est occupé par quatre voyageurs, des amis : l’écrivain Charles Nodier, le peintre Alaux, dit «le Romain» parce qu’il a eu le prix de Rome, M. de Cailleux, de l’administration des Beaux-Arts, et un jeune homme de 23 ans : Victor Hugo. Ce n’est pas encore le vieillard barbu dont l’image sera reproduite à des milliers d’exemplaires, mais un garçon aux cheveux assez longs rejetés en arrière, au visage rasé faisant mieux ressortir ses lèvres minces, un nez grand et fin. Il est encore peu connu du public, mais sa première œuvre, Odes et poésies diverses, a été lue par le roi Louis XVIII. Ce qui lui vaut aujourd’hui l’honneur d’être invité au sacre de Charles X qui, selon la tradition, a lieu à Reims.

Arrivé à Reims, Victor Hugo s’empresse d’écrire à Adèle, la jeune femme qu’il a épousée il y a trois ans, dont il est éperdument amoureux, et qu’il vient de quitter pour la première fois, le jour où leur fille Léopoldine perçait sa première dent. «Que je suis content de ma Didine, mon Adèle, écrit-il, Elle a donc une dent et une dent enfantée sans douleur! Dis lui bien en l’embrassant mille fois que son petit papa est satisfait en cette occasion et qu’il portera à sa maman de bons biscuits de Reims qui rendront son lait plus sucré.»

Reste pour les quatre amis à trouver où se loger. Ils ne font pas partie des personnages officiels pour qui le gouvernement a fait retenir des logements chez des particuliers. Quant aux hôtels, ils sont tous complets. Ils trouvent finalement l’hospitalité dans le salon d’une actrice du théâtre de Reims, Mlle Florville. Un canapé et trois matelas sur le sol composent ce dortoir inespéré.

Victor Hugo profite des deux journées précédant le sacre pour visiter Reims. Premier arrêt devant la cathédrale. «Elle est admirable, dit-il, comme monument d’architecture gothique. Il faudrait un an pour tout voir et tout visiter.» Il renouvellera son admiration dans les notes de Choses vues : «Cette cathédrale de Reims est belle entre toutes… La façade est une des plus magnifiques symphonies qu’ait chantée cette musique, l’architecture. On rêve longtemps devant cet oratorio. De la place, en levant la tête, on voit à une hauteur de vertige, à la base des deux clochers, une rangée de colosses, qui sont les rois de France. Cela est superbe et farouche…»

Le sacre a lieu le 29 mai. Ce jour-là, les invités doivent être debout à trois heures du matin pour la cérémonie qui commencera à sept heures. Victor Hugo et Charles Nodier sont placés dans la galerie située à gauche de la nef. «Nous avons vu le sacre, mon Adèle, écrira-t-il le jour même à son épouse. C’est une cérémonie enivrante».

Le jeune écrivain trouve après la cérémonie le temps de flâner en ville. Sa promenade l’amène rue Folle-Peine, dans le quartier de Saint-Remi, où il fait provision de noms et de notes qui lui serviront lorsque, cinq ans plus tard, il fera resurgir le Moyen Age dans Notre-Dame de Paris. C’est dans cette rue Folle-Peine que Victor Hugo aperçoit, dansant dans une cour, une jeune gitane qui lui inspirera le personnage d’Esmeralda. Le même jour, en visitant la basilique, il croise le sonneur de Saint-Remi, Albert-Henri Nicart , un homme d’une trentaine d’années, bossu, petit. Il lui inspirera, lui, le personnage de Quasimodo.

Puis Victor Hugo quitte Reims, «où la vie est hors de prix, dit-il. Hier, à nous quatre, nous avons mangé 81 francs en déjeuner et dîner. Une omelette coûte 15 francs, un plat de pois 13 francs, etc. Cinq petits pains 42 sous.» Avant son départ, il rencontre Chateaubriand, qui est pair de France et était invité au sacre comme commandeur de l’ordre de Saint-Esprit.

L’écrivain reviendra à plusieurs reprises à Reims. En 1838, il envoie un dessin de la cathédrale à sa fille Léopoldine — qui mourra dans un accident en 1843. Il passera rapidement à Reims en 1840, et y reviendra en 1871. «Aujourd’hui, écrira-t-il, je reviens vieux dans cette ville qui m’a vu jeune, et au lieu du carrosse du roi de France, j’y vois la guérite blanche et noir d’un soldat prussien…»

Extrait de Reims 1800-1900 – Un siècle d’événements de Daniel Pellus. © Éditions Fradet, 2003. Tous droits réservés.

 

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L’UNION 29 juillet 2013

 

Les secrètes inspirations de Victor Hugo

La sortie, en mars 1831, de Notre-Dame de Paris est diversement appréciée. Si la presse publie des critiques fort élogieuses, quelques écrivains accablent Victor Hugo. C’est le cas d’Honoré de BALZAC, autre stakhanoviste de la plume, qui le considère, entre autres vilenies, comme « un ouvrage ennuyeux et vide ». Sans doute n’a-t-il pas été sensible au charme troublant de la jeune bohémienne Esméralda qui, depuis le roman originel, ne cesse d’inspirer les créateurs artistiques.

À l’époque, nul ne sait que la belle gitane est bien réelle. Victor Hugo l’a vue six ans plus tôt dans une rue parfaitement identifiée de Reims.

Le dernier sacre.

En ce printemps 1825, la cité des sacres se prépare à couronner son ultime roi, Charles X, ex-comte d’Artois et jeune frère de Louis XVI. La cérémonie est fixée au 29 mai à la cathédrale. « Dans la foule des invités, figuraient plusieurs artistes, comme Lamartine, Chateaubriand et Victor Hugo qui avait alors 23 ans », raconte Marc BOUXIN, conservateur en chef du patrimoine à la ville de Reims. Le jeune poète, certes déjà reconnu comme écrivain, n’en est pas moins fils de général d’empire. Reste que quelques jours avant le sacre, le futur auteur de Notre-Dame de Paris circule déjà dans Reims, pour s’imprégner de l’ambiance. « On le sait parce que des érudits locaux l’ont rapporté », précise notre guide.

L’un de ces écrits assure que le jeune homme aperçoit, rue Folle-Peine, une jeune femme « un peu gitane » qui se prénomme Esméralda. À cette rencontre s’en ajoute une autre dans le même quartier, tout autant exceptionnelle. Il s’agit cette fois d’un homme appelé Albert NICART que les paroissiens surnomment… Quasimodo. Il est laid et bossu et n’est autre que le sacristain de la basilique Saint-Remi.

Dans son ouvrage Reims 1800-1900 publié en 2013, Daniel PELLUS situe ces deux rencontres juste après la cérémonie et précise le vrai prénom du sonneur de cloches Quasimodo : Albert-Henri.

Secoué par son éditeur.

On peut se demander pourquoi Victor HUGO a choisi Notre-Dame de Paris plutôt que Notre-Dame de Reims comme pièce maîtresse de son roman. Simplement parce qu’il situe l’intrigue à Paris, au Moyen-Âge, et qu’il en fait un livre historique, politique et philosophique. Et même si les rois se faisaient sacrer à Reims, la capitale de France n’en est pas moins l’un des centres du monde qui comptent. Et si Victor HUGO vient plusieurs fois à Reims tout au long de son existence, il connaît infiniment mieux Paris et il est surtout lié par contrat à son éditeur Gosselin auquel il doit rendre son manuscrit à une date butoir, s’il ne veut pas payer une lourde indemnité de retard ! D’ailleurs, pour des raisons économiques, Gosselin refuse plusieurs chapitres de la première version de Notre-Dame de Paris. Bref, Esméralda et Quasimodo ne sont que deux éléments d’une fresque écrite à partir d’un océan de notes et de réflexions dans un univers assurément plus porteur aux yeux des lecteurs potentiels que cette bonne ville de Reims.

Jean-Michel François

 

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L’Instant Rémois 4 2017

 

QUASIMODO ET ESMERALDA

 

Avec des « si » on pourrait mettre l’histoire en bouteille, c’est bien connu.

Pour la littérature, c’est pareil. Si Victor Hugo n’avait pas été le dernier rejeton d’un général d’empire, et s’il n’avait pas écrit « Odes et poésies diverses », et si Louis XVIII ne l’avait pas lu, alors il n’aurait pas été invité au sacre de Charles X et ne serait donc pas venu à Reims, la ville des sacres comme chacun sait.

Et s’il n’était pas venu à Reims, nous n’aurions pas eu Quasimodo et Esmeralda. Peut-être n’aurions-nous même pas eu le best-seller Notre-Dame de Paris. Et, dans ce cas, les studios Disney auraient peut-être hésité à produire « Le bossu de Notre-Dame ». Allez savoir…

Or donc, nous sommes le 26 mai 1825. Le jeune Victor Hugo a 23 ans. Il débarque avec trois jours d’avance à Reims pour suivre le sacre du roi Charles. En compagnie de trois de ses copains, histoire de partager les frais d’essence et de péage. Comme il fallait s’y attendre, les hôtels sont pleins et les beaux hôtels particuliers des bourgeois du coin ont été réquisitionnés pour tous les people invités. Les quatre compères doivent donc se rabattre sur un Airbnb avec des matelas par terre.

Comme Victor a un peu de temps à perdre, il en profite pour visiter notre bonne ville. Curieux, voire téméraire, il s’aventure dans les quartiers mal famés et se retrouve à arpenter la rue Folle-Peine, pas très loin du canal qui n’existe pas encore. C’est là, passant devant une cour, qu’il aperçoit une sensuelle gitane effectuant quelques pas de danse, toutes jupes virevoltantes. Comme hypnotisé, le jeune Victor fait un selfie avec l’affriolante jeune femme.

Poursuivant ses pérégrinations il remonte vers la basilique Saint-Remi. Et là, sur le parvis, il croise un drôle de bonhomme, petit, bossu, franchement laid. Dans le quartier, les paroissiens l’ont baptisé Quasimodo. En réalité, il s’appelle Albert-Henri Nicart, il a 30 ans, et c’est lui qui sonne les cloches. Victor taille le bout de gras, le prend en photo, ça peut servir.

Ce n’est que plus tard, de retour à la capitale, que Victor Hugo se lancera dans l’écriture d’un roman autour de la cathédrale de Paris et créera les personnages d’Esmeralda et de Quasimodo, grâce à ses notes prises à Reims. Il ne fait pas l’ombre d’un doute qu’avec de bons avocats, le maire de Reims pourrait obtenir que le roman « Notre-Dame de Paris » soit rebaptisé « Saint-Remi de Reims », même si ça sonne moins bien. Et que les studios Disney renomment leur film « Le Bossu de Saint-Remi ». Ce ne serait que justice.

PAR SEBASTIEN

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ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE LA MARNE

 

AU SUJET D’ALBERT HENRY NICART

 

Les archives dévoilent parfois de bien singulières choses, pouvant semer le doute quant à la véracité de certains dires ou écrits.

En effet, si Albert Henri NICART est né  à Reims rue du Châtelet le 17 Prairial an V (5 juin 1797), de Guillaume NICART et Jeanne MAHUT (acte de naissance n° 919, comme le mentionne le document des Archives Départementales de la Marne au dossier 2E 534/194 – page 382/383), il semble peu probable qu’il fut borgne, bossu et laid.

Le 27 juin 1818, le dit Albert Henri NICART, tisseur, demeurant rue Saint-Julien,  convolait en justes noces avec Remiette Louise GENIN (acte de mariage n°  117 – AD Marne – 2E 534/369 – page 96/208).

De cette union naîtra une fratrie de huit enfants : Jean Claude (6 janvier 1819) ; Sébastienne Marthe (2 décembre 1819) ; Jacques 6 mars 1821 ; Marie Nicole (1 octobre 1822) ; Madeleine Elise (4 août 1824) ; Nicolas Henry 23 avril 1826) ; Sébastienne Joséphine (7 juillet 1827) ; Jean Nicolas (24 avril 1834)… Sur tous les actes le père exerce la profession de tisseur et a signé à chaque fois les documents.

Albert Henri NICART, gardien de l’Eglise Saint-Remi, décédera dans son domicile,  9 rue du Châtelet, le 28 juillet 1864, à l’âge de 67 ans (acte de décès n° 1037 – AD Marne – 2E 534/538 – page 270/495).

Jean-Paul MIRGALET

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L’UNION 9 janvier 2022

Et si Esméralda revenait dans le quartier Saint-Remi à Reims?

 

Quoi de mieux qu’une représentation d’Esméralda et Quasimodo pour mettre en lumière l’axe cathédrale – Saint-Remi ? C’est l’idée relancée par un sculpteur amateur, Etienne Fatras, qui rappelle que les deux personnages de Victor Hugo ont vraiment existé… dans le quartier.

 

Étienne FATRAS et ses sculptures d’Esméralda et Quasimodo, qu’il a utilisées pour ses cartes de vœux cette année, sur fond de basilique, en écho à son souhait de voir ces deux personnages nés à Reims représentés dans le quartier. – M.D.

Non, Esméralda et Quasimodo, les stars du roman de Victor Hugo Notre-Dame de Paris ne seraient pas totalement le fruit de son imagination… et certainement pas parisiens ! On raconte que c’est en déambulant à Reims dans le quartier Saint-Remi, rue Folle-Peine, juste après le sacre de Charles X en 1825, que le jeune écrivain de 23 ans aperçut une bohémienne dansant dans une cour, et croisa le sonneur de la basilique, Albert-Henri NICART, un homme petit et bossu d’une trentaine d’années…

L’origine de ces personnages emblématiques de la littérature française, Étienne FATRAS la connaît bien. Le sculpteur et poète rémois, qui travaille l’argile dans son petit atelier niché sous les toits d’un immeuble cossu du centre-ville, s’en est même inspiré pour réaliser les deux œuvres qu’il a présentées place du Tertre à Paris en 2015, invité par l’association européenne des arts à exposer sur le thème de la fête. Il avait d’ailleurs reçu à cette occasion un prix de sculpture pour son travail.

À deux ans des Jeux Olympiques de Paris, qui verront Notre-Dame renaître une nouvelle fois de ses cendres, le Rémois a ressorti de ses étagères ses représentations d’Esméralda et de Quasimodo pour réaliser ses cartes de vœux 2022, assorties d’un poème, avec en toile de fond la basilique Saint-Remi… Un moyen d’évoquer son souhait de voir fleurir des statues du duo aux abords de l’édifice. « La précédente restauration de Notre-Dame de Paris devait beaucoup au roman de Victor Hugo et à ses deux héros », indique-t-il. « Or la genèse de ces deux personnages est rémoise, puisque c’est lors de sa venue pour le sacre de Charles X, que Victor Hugo a rencontré une gitane et le sonneur de cloche », insiste le sculpteur. « Il a ensuite transposé ces deux personnages au Moyen Âge sur le parvis de Notre-Dame. Pour finaliser la restauration de la voie des sacres de la cathédrale à la basilique et pour profiter des retombées des événements parisiens, il me semblerait judicieux d’installer des statues d’Esméralda et de Quasimodo sur le parvis de la basilique Saint-Remi », suggère-t-il.

Ce vœu, cet ancien administrateur au CIS, l’a notamment envoyé au maire de Reims. Mais aussi à l’association Renaissance de Saint-Remi qui n’a « pas encore de projet dans ce sens », confie son président Camille MANGIN. Pour autant, sur le site de l’association, on apprend qu’à de nombreuses reprises, Esméralda et Quasimodo ont été évoqués lors de séances de travail du conseil de quartier pour agrémenter le bas de l’esplanade Fléchambault par une statue. « Cela a donné lieu à des recherches, à des débats, mais ceci est toujours resté dans les cartons », peut-on encore lire. Étienne FATRAS est bien décidé à les en sortir !
« C’est le moment de le faire », appuie-t-il. « Ce serait une belle façon pour la ville de se valoriser ; le point d’orgue de toute la rénovation en cours ; un point d’accroche pour les Parisiens. Profiter de ce moment exceptionnel de la réouverture de Notre-Dame pour affirmer qu’on a notre mot à dire dans cette histoire ! Et c’est une belle histoire, dommage de ne pas en profiter. Si je peux participer à mon niveau à faire prospérer cette idée, je serais ravi. »

Étienne FATRAS, qui pourrait « peut-être au moins donner l’inspiration » à l’artiste choisi, imagine une statue d’Esméralda « assez originale ». « Trop classique », elle n’attirerait pas assez l’attention et tomberait dans l’oubli ; « trop contemporaine », on ne la reconnaîtrait pas, note le sculpteur amateur qui a représenté la sienne la tête suspendue par une chaînette en s’inspirant de Gina LOLLOBRIGIDA, « superbe », dans le célèbre Notre-Dame de Paris de 1956 de Jean Delannoy, avec Anthony QUINN. Son Quasimodo, lui, laisse apparaître un trou béant à la place du visage sous son capuchon. « Je l’assimile à tous les hommes captés par la beauté d’Esméralda », glisse-t-il, laissant le soin à chaque spectateur de se faire sa propre idée du personnage.

Etienne Fatras, un sculpteur amateur talentueux

Ancien directeur de la coopérative agricole de Vitry-le-François, Étienne FATRAS s’est installé à Reims il y a 30 ans. Avec un grand-père critique d’art, un autre violoncelliste, dont le frère était lui-même sculpteur, l’art s’impose naturellement à lui. C’est un voyage en Italie à l’adolescence avec ses parents qui lui donne l’envie de prendre de la glaise entre ses mains. Mais ce n’est finalement qu’à la retraite qu’il se jette à corps perdu dans cette passion mise si longtemps en sourdine. Durant 5 ans, il se forme chez le grand Juan Carlos CARRILLO à Châlons pour acquérir la technique, sculpte les « jolis petits modèles » de l’école du cirque, avant « d’assumer » enfin sa liberté. Aujourd’hui, le Rémois, dont les ventes restent confidentielles, se concentre sur les expositions, à Reims, Dormans, Rethel ou encore Paris. Invité en fin d’année dernière à la Maison du Département avec le Collectif Diagonales, celui qui sculpte pour son loisir présentera son travail en 2022 au Petit Palais provisoire. Un travail superbe, qui joue avec l’évidement pour apporter de la légèreté, de la lumière. Chaque œuvre, patinée façon bronze ou en utilisant des couleurs, de l’Arlequin à la tête déportée à cette silhouette au décolleté de dos plongeant inspiré de celui de Mireille DARC, est presque toujours accompagnée d’un poème. « Il faut suggérer plus que décrire. La présence des absences fait que celui qui regarde fera l’effort d’imaginer. Ça donne quelque chose de plus personnel et original. »

L'Union mis en ligne le 9/01/2022 À 11:59 MARION DARDARD
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